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Seule la lutte paie ?...

Tout ce qui se dit et fait autour des révoltes populaires se limite souvent à changer les dirigeants au pouvoir pour transmettre la puissance publique à un pouvoir plus impitoyable encore contre les populations les plus défavorisées, les étrangers, les roms, les peuples autochtones, des sans-toits, les sans-droits...

L'illusion de la lutte qui seule paierait relève d'un romantisme éculé, à la Zola, qui fait vibrer les couches moyennes ou déclassées, mais qui ignore les plus pauvres, les déshérités, la lie de la terre.

Ce n'est pas vrai que seule la lutte payerait. Pas du tout ! Les flics n'ont pas eu à lutter pour obtenir gain de cause. Ils savent être le seul, le dernier, le plus puissant rempart du pouvoir en place. Le maintien en place du pouvoir actuel ne repose que sur les flics. Voilà pourquoi l'État les craint et les écoute, les satisfait au besoin, ne serait-ce qu'en partie. Les décisionnaires ne cèdent pas à la lutte, les décisionnaires n'écoutent que leurs seuls intérêts. Et leur intérêt aujourd'hui c'est le recours à la force. Aux forces de l'ordre. De LEUR ordre.

D’autres recours que les barricades, alors ?

Imaginons des actions où nous ne risquerions ni notre intégrité physique ni le peu de moyens financiers qui nous restent.

Cessons de nous approvisionner en grande distribution, et alors les intérêts capitalistes seront très largement atteints. Si nous ne le faisons pas, c'est qu'en réalité nous sommes encore trop attaché.e.s, trop captifs-captives de ce système capitaliste.

Pour renverser ce pouvoir sans barricades, nous devrons d'abord nous émanciper de ce qui nous oblige à subir les lois actuelles du marché : la production de masse, la grande distribution, non seulement d'électro-ménager, mais aussi de livres, mais aussi de films, l'agro-alimentaire et l'élevage intensif, bien entendu, mais aussi l'industrie pharmaceutique, les énergies fossiles, le pétrole, l'uranium, les techniques de fracking, l'extraction de terres rares, bref, le pillage des ressources du sol...

Le romantisme de la lutte est l'arbre qui nous cache la forêt. Forêt dense, pourtant, encore vierge de victoires possibles sans d'autres efforts que dans des actions solidaires, d'entraide, pour se nourrir, s'abriter, se loger, circuler, s'habiller aussi, éduquer autrement, sans concurrence, sans rivalités, sans compétition, sans hiérarchie, sans pyramide... Bref : produire et consommer à égalité, horizontalement, autrement que par le système bancaire... Échanger directement entre nous. À chacun selon ses besoins.

Dans un passé avant l'exode rural et la révolution industrielle, les activités n'étaient pas (pas toujours) du travail rétribué monétairement. Cette forme de vie par les échanges pouvait sécréter plus de libertés personnelles, familiales et sociales que n'en peuvent vivre (ni même rêver) la très grande majorité de nos contemporain.e.s.

Actions immédiates

Une telle vision de la société réclame une action dès le présent. Laquelle ?...

Une action de parole réfléchie. Ne rien céder aux propagandes. N'envisager collectivement que des actions aux effets immédiats bénéfiques, par exemple un boycott daté de tel hyper marché ou de telles et telles pompes à essences à la fois. S'affranchir du diktat des idéologies prépondérantes. Ne jamais s'abaisser à négocier des alliances contre-nature avec les néo-fachistes et les racistes. Jamais.
 

Pour les personnes qui ont décidé de participer à ce mouvement, il s’agit avant tout de rester lucides pour ne pas se laisser avoir. C’est la seule manière d’avoir une chance infime de déborder ce flot populiste qui penche sévèrement à droite.

Pour notre part, nous pensons que cela n’est pas possible pour plusieurs raisons :

  • La composition du mouvement qu’il faut accepter d’observer honnêtement ;
  • Le travail idéologique mené par l’extrême droite depuis des années et qui trouve aujourd’hui son expression, nous laissant presque sans mots ;
  • Sa capacité énorme de diffusion et de recrutement sur les réseaux sociaux, ce qui a soutenu les Gilets jaunes jusqu’à présent et lui permet de le faire virer de bord assez facilement comme on vient de le voir avec le RIC ;
  • Le contexte massivement réactionnaire qui ne se change pas en quelques jours.

Si les sciences sociales peuvent nous aider, il s’agit de ne pas foncer tête baissée dans des positions politiques déguisées en recherches, qui, finalement, n’aident pas en rajoutant de la confusion à une situation déjà bien brouillée. Pour notre part, nous préférons rappeler des positions aujourd’hui bien attaquées :

  • Un antiracisme sans conditions ;
  • Un internationalisme contre le retour du patriotisme ;
  • Un antifascisme qui ne tolère pas d’alliance de circonstance ;
  • Un anticapitalisme qui ne mélange pas carottes et salades, qui parte de chiffres concrets sur la société et non de sentiments de malaise ;
  • Une solidarité de classe qui n’oublie pas l’exploitation ni les plus marginalisé·es et amène à (re)construire les outils d’autonomie ;
  • Un idéal anti-autoritaire qui ne saurait se satisfaire d’un simulacre de démocratie à 70 millions.

Alors que les fausses informations sont légions sur les groupes Facebook des gilets jaunes et ont une influence évidente sur le mouvement, on saurait gré aux scientifiques de construire leurs enquêtes un peu plus solidement afin d’éviter d’alimenter une machine médiatique peu soucieuse de vérification. Alors que les sciences sociales font l’objet d’attaques régulières de politiciens de tout bord [et des informateurs-trices], on saurait gré aux chercheur·es de ne pas donner du grain à moudre à la machine à dénigrer dans le but d’avaliser une position politique plus que discutable.

Collectif Athéné Nyctalope

 

Une autre fin du monde est possible

À plus ou moins court terme, il y aura nécessité dans les assemblées de proposer un projet de vie en commun, par espaces non clos, communiquant directement entre eux :

L'occasion de cette prise de conscience populaire peut très bien donner lieu à toutes les formes de solidarités possibles qui finiront par réduire à néant inévitablement le niveau aujourd'hui élevé des cours de la Bourse. Sinon le détruire.

Que le système financier s'effondre rien que parce que nous le boudons, parce que nous nous brossons les dents avec l'argile traitée et du bicarbonate, que nous faisons la vaisselle et le lavage du linge avec des poudres issues de nos sols, autour de chez nous... Que nous allons aux toilettes sans utiliser d'eau potable, plutôt des chiottes sèches que le tout-à-l'égout, oui, c'est possible.

Possible mais pas suffisant...

Pour que le système tombe, il nous faut le saborder de tous côtés

Inlassablement le contrer où que l'on soit, qui que l'on soit. Éviter autant que possible leurs solutions, bancaires, professionnelles, technocratiques... Les dénoncer, ne pas les encourager. Ne pas entretenir nos entourages avec les doctrines et les chantage du « C'est ça ou rien », « Faut bien que quelqu'un le fasse », « On ne va pas retourner à la bougie », etc. Appuyer chaque sabotage, soutenir chaque action réussie, renforcer chaque parole contre les tenants du pouvoir et leurs propos creux et vides qui ne portent que des illusions même pas avérées, même pas fondées, même pas attestées, du genre « C'est la nature humaine », « La révolution réclame ses martyrs », « Ce sera toujours comme ça »,  etc. Rien. Rien !... Rien ne doit se penser sans concevoir ses causes et ses conséquences, ses motivations, même secrètes, et ses effets, même invisibles...

Normalement, en évitant de courir des risques physiques et en refusant de dépenser le moindre centime à quelque institution qui soit, normalement, on devrait pouvoir donner au système capitaliste les coups de butoir qui lui seront fatals.

Et le système tombe !

Inévitablement, inéluctablement. Vrai. Ce système ne tiendra pas longtemps si TOUS ET TOUTES ENSEMBLE EN MÊME TEMPS DÈS À PRÉSENT nous apprenons à nous éclairer et nous chauffer par nous mêmes, si nous nous organisons pour circuler sans essence ni électricité publique... ou qu'alors (une revendication importantissime) cette énergie-là soit étatisée pour être redistribuée gratuitement aux habitant.e.s (« habitant.e.s », car il n'y a pas que les Français.e.s, les nationaux qui vivent ici, dans l'enceinte de frontières qu'il nous faudra bien penser à défaire un jour, bien au-delà de l'espace Schengen, bien au-delà de l'espace européen... mais c'est là une autre question, celle des peuples solidaires sans frontières).

Est-ce ce que nous voulons pour de bon ?... Moi, oui. Et vous ?...

Jean-Jacques M’µ

 

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